Programme de la matinée:
Ronnie H.
L’organisateur et animateur Gilbert Bayard a qualifié Ronnie de « sangsue », en lui faisant gentiment un clin d’œil. C’est grâce à la ténacité de Ronnie que Coloplast a eu l’idée de la Journée de la stomie et a pu répondre à ce grand besoin d’échanges et d‘informations. Après son opération de la stomie, Ronnie s’est occupé intensivement de l’amélioration des produits et c’est la raison pour laquelle la société mère de Coloplast au Danemark l’a contacté. Ronnie et Gilbert Bayard ont ainsi fait connaissance. Après avoir clarifié les besoins, Gilbert a constaté que la solution souhaitée par Ronnie était déjà en cours de développement. Même chez les autres organisations impliquées dans la Journée de la stomie, Ronnie est connu comme le loup blanc. Par sa soif de savoir et sa volonté, il a non seulement appris beaucoup pour lui-même, mais aussi établi des liens entre les différentes organisations – et tout le monde en profite.
Ce père de famille de 35 ans résume de manière marquante qu‘il tire le meilleur parti de la situation, sans la banaliser. Et il essaye tout ; l’endurance, il l’a déjà. Ronnie est très engagé sur le plan professionnel. Le jeune homme puise sa force dans le sport, il se détend en faisant la cuisine et en passant d‘agréables moments en bonne compagnie. Malgré son diagnostic de colite ulcéreuse, Ronnie ne s’est jamais décrit comme un malade. Il a vécu des années pénibles, qui ont usé son énergie, la maladie a fixé des limites claires au jeune homme. Ce n’est qu’au prix d’une force énorme qu’il a pu surmonter cette époque. Il a même traversé des moments où il lui était égal de se réveiller ou non le lendemain – son énergie de vivre était épuisée à ce point par son combat quotidien.
Ronnie a raconté ouvertement sa peur de l‘opération. Qu’allait-il se passer après ? Il a évoqué cette préoccupation lors d’un nombre incalculable de discussions avec des personnes concernées ; il a aussi parlé par exemple à un sportif, qui a été le premier porteur de stomie à réussir un « Iron Man ». Ronnie est arrivé à la conclusion suivante : la stomie n’est pas la fin, beaucoup de choses sont possibles. Depuis son opération de la stomie il y a deux ans, Ronnie se sent si bien qu’il peut à nouveau fixer lui-même ses limites. « Je m’y suis opposé pendant 12 ans – et maintenant je ne peux que regarder vers l’avenir », dit-il. Il trouve que la stomie est une super solution et que sa vie est meilleure qu’avant. Le plus gros obstacle est encore dans sa tête, lorsqu’il doit se surpasser lui-même pour affronter le regard des autres et aller se baigner dans la mer. Mais pour cela aussi, il a trouvé une astuce : il prend conscience de la futilité de ces regards ; que sont deux secondes par comparaison à un agréable bain rafraîchissant dans la mer ?
Conseil supplémentaire de Ronnie : boire beaucoup, impérativement.
Philippe Hort, préparateur mental et hypnothérapeute
La force du subconscient permet, avec des moyens simples, d’atteindre des objectifs et de gagner ainsi en qualité de vie.
Toute personne ayant assisté à la conférence du 17 avril 2016 à l’hôtel Marriott de Zurich connaît déjà Philippe Hort. Le préparateur mental et hypnothérapeute Philippe Hort sait communiquer des connaissances scientifiques de manière illustrée et humoristique. Celui qui l’entend fait, sans le vouloir, provision d’espoir et de motivation.
Philippe Hort a posé dans la salle la question de savoir pourquoi, lors de la décision « Stomie, oui ou non », un instinct bizarre se fait jour. Nous recherchons tous la sécurité, la reconnaissance et l‘amour. Dans le cadre de cette décision, nous nous posons automatiquement des questions : pourrai-je encore faire du sport ? Pourrai-je encore travailler ? Mon/ma partenaire me regardera-t-il/elle différemment ? Comment mon image changera-t-elle en société ?
Philippe Hort a demandé dans le public qui souhaitait avoir son billet de 100 francs, qu’il a brandi en l‘air de manière tentante. Tout le monde naturellement. Il a ensuite froissé le billet, l’a jeté par terre, piétiné avec ses chaussures et l’a finalement collé sur une poche de stomie. Et qui le voulait toujours ? Un symbole très valable : un billet de 100 francs collé à une poche de stomie : c’est toujours 100 francs suisses – et c’est toujours un billet à 100%, même si une poche de stomie y est accrochée, la valeur est et reste la même !
Notre cerveau ne fait pas la distinction entre le fait de nous imaginer quelque chose ou de le vivre. Ceci a été expliqué avec l’exemple du skieur, qui avant le départ de sa course, « descend la piste les yeux fermés ». Fiction ou réalité, pour le corps, c’est la même chose.
A l’inverse, nous pouvons aussi nous focaliser mentalement sur quelque chose de négatif, et déclencher des réactions physiques. Un exemple est la vague de grippes, qui est annoncée à grand renfort de déclarations dans les médias, et que nous pouvons véritablement attraper par le biais de nos pensées. Celui qui est encore peu impressionné par cet exemple a été convaincu plus tard par l’histoire connue de la poudre blanche dans les enveloppes. 34 personnes de la poste de Berne ont été admises à l’hôpital avec des signes d‘intoxication – il s’est avéré par la suite que la poudre découverte n’était que de la maïzena. Ce que nous pensons a donc une influence directe sur notre vie et en conséquence, sur notre qualité de vie.
En ce qui concerne la stomie, notre attitude et nos pensées sont tout aussi importantes. Plus il y a de pensées positives par rapport à cette situation, et plus le sentiment à cet égard est fort. Mettez donc votre esprit en mode « positif ».
Monika S., consultante en soin des plaies de stomie à l’hôpital de l’Ile de Berne
Dans son quotidien professionnel, Monika est essentiellement confrontée à la question clé suivante : « Puis-je vivre avec ça ? ». Les personnes concernées se trouvent face à une décision qui n’est pas facile à prendre et bouleverse leur vie quotidienne. Comment cela va-t-il se passer ? Pourrai-je à nouveau prendre une douche ? Pourrai-je me baigner ou nager ? Pourrai-je à nouveau travailler et partir en vacances ? A qui dois-je le dire ? Dois-je en informer mon chef et mes collègues de travail ? Quelles répercussions aura la stomie sur mon couple, ma sexualité ? Comment dois-je m’habiller pour que cela ne se voit pas ? Dois-je changer mon alimentation ?
Le conseil en stomie est aussi individuel que chaque personne prise en particulier. Chacun a sa propre stratégie et fait preuve de créativité. L’important pour Monika est de regarder ensemble vers l’avant, et de mener des discussions de manière ouverte, car c’est ainsi que l’on peut trouver les solutions qui conviennent. Elle se réjouit d’observer l’évolution chez les nouveaux porteurs de stomie : retour à la vie, au travail et aux vacances, chaque jour plus courageux. Monika invite les personnes concernées à fixer un rendez-vous de consultation si elles ont des problèmes avec leur stomie.
Jolanda B., stomathérapeute et présidente de la SVS-ASS
Jolanda travaille depuis 14 ans comme stomathérapeute au centre hospitalier de Bienne et depuis deux ans, elle est présidente de l’Association suisse des stomathérapeutes SVS-ASS. Dans son quotidien professionnel, elle essaye de conseiller individuellement les personnes et de leur indiquer des stratégies et des solutions pour gérer au mieux leur nouvelle situation. Elle estime important que chaque porteur de stomie puisse et doive se rendre régulièrement dans un centre de conseil en stomie. Jolanda insiste sur le fait que plusieurs entretiens préopératoires sont nécessaires et que la compétence des stomathérapeutes ne se limite pas au choix du matériel approprié.
Jolanda raconte que c’est auprès des porteurs de stomie qu’elle apprend le plus. Elle transmet volontiers ces informations et expériences, même s’il n’existe pas de « recette miracle », car chacun gère la situation de manière très individuelle. Le beau côté de son métier consiste à surmonter ensemble des situations de crise et voir comment les personnes concernées acceptent à un moment « le trou dans le ventre » et peuvent vivre correctement avec lui. Elle a évoqué aussi des personnes qui, au début, voulaient à tout prix se débarrasser de leur stomie, et pensent maintenant : « je ne la redonnerai plus », car elles vont beaucoup mieux qu‘avant.
Bruno R.
« Je vais mal et je suis candidat à une stomie, mon intestin ne fonctionne plus ». C’est par ces mots très clairs que Bruno a salué le public. Il souffre de colite ulcéreuse depuis 22 ans. Il travaille à plein temps dans une administration et s’engage depuis 20 ans comme président de l’association de patients SMCCV-ASMCC (Association Suisse de la Maladie de Crohn et Colite ulcéreuse).
Bruno ne pouvait attendre plus longtemps l’opération de la stomie, ce n’était plus une vie. La longue maladie avait provoqué de si gros dommages que c’était son dernier espoir. C’était sa première opération, il s’est rongé les ongles, raconte-t-il en souriant. Mais il ne ment pas non plus lorsqu’il indique qu’il a dû combattre les peurs que cette intervention génère.
Par son engagement en qualité de président de la SMCCV-ASMCC, il souhaite contribuer à briser le tabou de la stomie et aider à clarifier ce sujet qui reste attaché à de nombreux préjugés.
Robin R.
Robin souffre depuis 4 ans d’une colite ulcéreuse, dont l’évolution est complexe. Bruno, qui aspire à avoir bientôt l’opération de la stomie derrière lui, peut comprendre le jeune homme. Il a déjà été lui aussi à ce stade et s’est entretenu du thème de la colectomie (ablation opératoire de la totalité du côlon). La peur des opérations fait que Robin continue à se battre et à devenir créatif. Il essaye aujourd’hui surtout l’alimentation SCD (Specific Carbohydrate Diet / régime spécial à base d’hydrates de carbone). Ce changement d’alimentation exige une vie très disciplinée, stricte avec de nombreuses restrictions. Par ailleurs, son quotidien est marqué par différents traitements (de la thérapie cranio-sacrée à la psychothérapie) et il veille à faire suffisamment d’exercice. Malgré sa volonté, son endurance et sa pensée positive, les séjours à l’hôpital font toujours partie de son quotidien. Aussi, le fait qu’il doive prendre aujourd’hui de nombreux médicaments le laisse pensif. Malgré tout cela, Robin ne veut pas abandonner la croyance qu’il aura un jour du succès grâce à sa discipline et sa patience. Et qui sait, peut-être que la médecine fera aussi bientôt des progrès ? Il veut conserver sa capacité de décision, la stomie est définitive pour lui. Même si l’idée est belle de ne plus prendre de médicaments et de recommencer à manger ce qu’il souhaite.
Pour Robin, les échanges réguliers entre personnes concernées sont très importants. Il participe activement à diverses plateformes sur Facebook, il a même son propre blog vidéo (youtube.com/radikalabnormal) et se procure des informations lors des événements ou auprès de spécialistes. Ces connaissances sans cesse croissantes lui permettent de mieux maîtriser sa vie au quotidien et renforcent son espoir de surmonter un jour sa maladie.
Henny B.
Henny est une femme joyeuse, qui organise volontiers tout ce qui est possible et essaye toujours de voir les côtés positifs. Elle est active dans son village lors des journées sportives de l’école, présidente de deux associations et elle travaille à 90 % comme analyste système DBA Oracle. Pour Henny, il est important que le public sache que les porteurs de stomie sont des gens tout à fait normaux, qui peuvent vivre aussi bien avec une stomie que les personnes sans stomie.
En 1988, suite à ses douleurs intenses, les médecins ont découvert des fistules. Pour Henny a commencé une période pendant laquelle toute sa vie tournait autour de la question de savoir où étaient les toilettes les plus proches. C’est en 1992 qu’elle s’est décidée pour une opération de la stomie. Les participants dans le Kursaal étaient enchantés lorsqu’elle a raconté, sur un ton visiblement heureux, qu’elle a été enceinte avec la stomie, qu’elle n’a maintenant plus de douleur, qu’elle mange de tout et ne s’impose absolument aucune limite. Elle a relaté, comme exemple le plus marquant, ses visites au camping naturiste. Car pour elle, c’est très clair : « Les gens ont tous quelque chose – moi, j’ai seulement une petite poche sur le ventre ».
Petite conseil d’Henny : ne vous laissez pas imposer des limites, pratiquement rien n’est impossible.
Daniela M.
La présence de cette femme de 34 ans, venue d’Argovie, a provoqué des murmures dans la salle. Elle a en effet obtenu une permission de sortie de l’hôpital pour la Journée de la stomie. Cette année, elle a déjà passé plus de temps à l’hôpital qu’à la maison (depuis mai, pas un mois à la maison). Elle a déjà été opérée plus de 40 fois. Et malgré cela, on a pu sentir sa qualité de vie et sa joie. Dans sa vie, cette jeune femme a déjà dû mener plusieurs combats : en 2008, elle pesait encore 130 kilos, poids qu’elle a pu diviser par deux en l’espace d’un an, en maigrissant de façon saine. Soudain, elle a souffert d’incontinence, plus de 100 passages aux toilettes par jour rendaient impossibles la vie normale et un sommeil suffisant. Après plusieurs tentatives de traitement ratées, sa vessie a été enlevée et une urostomie a été mise en place. Peu de temps après, elle a subi une quintuple perforation intestinale et a été diagnostiquée avec la maladie de Crohn. Daniela est restée 8 jours dans le coma, ses chances de survie se situaient autour de 20% – mais elle a surmonté cela aussi, la deuxième stomie a été posée. S’en est suivi le rétablissement du circuit digestif de l’intestin, une nouvelle stomie … une véritable odyssée, qui a arraché complètement Daniela à la vie normale et a eu pour conséquence une période de chômage. Daniela a raconté aussi comment ses propres souhaits n’ont souvent pas été respectés par les médecins et que sa situation s’est encore aggravée. Même si ses antécédents médicaux sont très lourds, cette femme joyeuse se concentre sur les côtés positifs de la vie : sa famille et ses amis qui la soutiennent, ses deux chats – et entre-temps un peu de shopping, ajoute-t-elle en riant.
Voici le message qu’elle souhaite surtout faire passer aux autres personnes concernées : « Moquez-vous de ce que les autres pensent ! Ne vous laissez pas imposer de restrictions, si l’on entend l’activité de votre intestin et si un malheur se produit – cela arriverait à toutes les personnes avec une stomie ».
Concernant les échanges réciproques, Daniela considère qu’il est particulièrement important que les porteurs de stomie ne se cachent pas. Elle souhaite montrer aux futures personnes stomisées, mais aussi aux personnes concernées, qu’elles ne doivent pas considérer la stomie comme une ennemie, mais comme une partie d’elles-mêmes et qu’elles l’acceptent. Elles peuvent parfaitement profiter pleinement de la vie avec une stomie.
Roswitha E.
Roswitha a 63 ans et elle est mariée depuis 1994. Après l’opération de la stomie en raison de sa colite ulcéreuse en 1986, l’infirmière qualifiée a commencé une reconversion professionnelle pour devenir commerciale. Elle a pu utiliser ces connaissances ensuite pendant 29 ans à la prison préventive de Bâle-Ville, d’abord au secrétariat et pendant les neuf dernières années dans l’administration des détenus. Aujourd’hui elle apprécie sa retraite anticipée avec son mari, ainsi que les voyages dans les pays lointains.
Lorsqu’elle était infirmière, Roswitha soignait déjà des patients stomisés et c’est pour cela qu’elle avait peur de ces images terribles. L’entretien avec une femme d‘ilco Bâle a pourtant apaisé ses craintes avant l‘opération. Cette femme également touchée lui a fait part de ses propres expériences, et indiqué que des grands progrès avaient été accomplis dans ce domaine. Aujourd’hui, 30 ans après, Roswitha voudrait aussi encourager d’autres personnes concernées, car elle peut confirmer que le développement se poursuit toujours. Roswitha ne se laisse pas entraver par sa stomie, elle mange ce qu’elle désire, fait des voyages (jusqu’en Afrique) et du sport, comme la natation, le VTT ou la marche nordique.
Cristina Galfetti, psychologue comportementaliste et coach de patients
La psychologue comportementaliste sait, du fait de sa maladie rhumatismale, comment vont les gens atteints d’une affection chronique et s’est fixé pour but d’accompagner ces personnes, de les aider et de trouver la voie qui leur convient. Elle sait que la gestion d’une maladie chronique est très individuelle. Pour cette raison, son principe est le suivant : « il n’y a ni approche « juste », ni approche « fausse », seulement une approche « convenable ». »
Prendre une décision, c‘est faire un choix. Un choix pour une voie n’est toutefois pas un « rejet » d’une autre voie ou de plusieurs autres. Cette décision devrait être cohérente pour la tête ET le ventre.
Décision = processus (phases diverses)
- Pas un thème
- Intérêt léger
- Controverse : réunir des informations
- Peser le pour et le contre
- La décision est prise
- Plus aucun doute
Décision = individuelle
- Important ? (Qu’est-ce qui est important pour moi ?)
- Maintenant ? (Dois-je me décider maintenant ?)
- Qualité de vie ? (Loisirs, travail, modèles etc.)
- Pas important ? (Les orientations peuvent aussi évoluer)
La décision nécessite du temps
On peut peser le PLUS et le MOINS. Il est cependant tout aussi important que la TETE et le VENTRE décident, en harmonie. Il existe plusieurs méthodes pour une prise de décision optimale :
- On constitue une « équipe interne » (optimiste, critique, sceptique etc.) et on écrit les arguments de chaque « membre de l‘équipe », pour trouver ensuite une solution.
- On établit une liste des avantages et inconvénients (on peut facilement les recenser ou les pondérer encore). On procède de même avec les contre-arguments, ou le choix B, afin de vérifier le résultat.
- On s’imagine différentes chaises de couleur. Chacune de ces chaises correspond à une possibilité (par exemple, opération de stomie oui, opération de stomie non, opération de stomie plus tard …). La personne concernée s’assoit sur chaque chaise, et se fait lire par une autre personne les avantages et inconvénients. Bilan : sur l’une des chaises, on se sent le mieux.
